Les chercheurs montrent que le nombre de décès de Covid-19 signalés chez les moins de 65 ans est probablement un indicateur beaucoup plus fiable. Ces chiffres peuvent donner un aperçu plus clair de la transmission réelle du virus et permettre des comparaisons plus précises entre les pays – ce qui est crucial pour orienter les stratégies gouvernementales visant à maîtriser l’épidémie de Covid-19.
Dans des pays comme le Royaume-Uni, le Canada et la Suède, la pandémie de Covid-19 a touché de manière disproportionnée les résidents des maisons de retraite, qui représentent plus de 20 % de tous les décès liés à la Covid-19. Le niveau de transmission du SARS-CoV-2 au sein de la population générale peut dans ce cas être difficile à distinguer de cette explosion de cas.
En revanche, certains pays d’Asie et d’Amérique du Sud ont un taux de mortalité officiel lié à au virus beaucoup moins élevé qu’attendu chez les personnes âgées. Une explication possible de ces « décès manquants » est que les causes de mort dans les populations âgées sont moins susceptibles d’être étudiées et signalées, car la priorité de ces pays est de contenir l’épidémie.
Il ajoute à cela : « Les résidents ne sont pas simplement plus âgés que la population générale, ils sont aussi généralement plus fragiles. Ainsi, un septuagénaire vivant dans une maison de retraite a plus de risque de mourir de la Covid-19 qu’un septuagénaire en population générale. Pour réduire le nombre total de décès de Covid-19, il est vital de protéger les communautés de personnes âgées vulnérables ».
Dans leur nouveau modèle, les chercheurs ont intégré les données Covid-19 sur les décès par âge dans 45 pays, avec 22 enquêtes de séroprévalence au niveau national. Ces enquêtes de séroprévalence permettent d’estimer la proportion d’une population ayant développé des anticorps contre le coronavirus. Les anticorps indiquent si une personne a été infectée par le SARS-CoV-2 à un moment donné, et constituent donc un bon indicateur des taux d’infection à l’échelle de la population.
Ce modèle peut être utilisé au niveau national pour prédire la probabilité qu’une personne décède de la Covid-19 après une infection, selon son âge. Il permet également d’estimer le nombre total d’infections d’un pays en fonction du nombre de décès dus à la Covid-19 dans les différents groupes d’âge, ce qui est particulièrement utile dans les endroits où aucune étude de séroprévalence n’a été menée.
En se basant uniquement sur les données de décès des moins de 65 ans, les plus représentatives de la transmission en population générale, les chercheurs estiment qu’au 1er septembre de cette année, une moyenne de 5 % de la population des pays étudiés a été infectée par le SARS-CoV-2. Toutefois, dans certains endroits, ce chiffre était beaucoup plus élevé, notamment en Amérique du Sud.
Même en excluant les données concernant les plus de 65 ans, le modèle montre que les taux de mortalité par Covid-19 ne sont pas forcément similaires entre pays, potentiellement du fait de « comorbidités ». Par exemple, les personnes vivant en Slovénie ou au Danemark semblent avoir une probabilité de décès suite à une infection par le SARS-CoV-2 plus faible que celle mesurée à New York, même après avoir corrigé des différences d’âge de leurs populations.
Ce travail montre que les données de mortalité par groupe d’âge peuvent être utilisées pour déterminer le niveau réel d’infection par le SARS-CoV-2 dans un pays et son évolution dans le temps. Cette approche pourrait être appliquée à l’échelle régionale, et pourrait être particulièrement utile dans des contextes où de grandes études de séroprévalence ne peuvent pas être réalisées.
[1] Laboratoire Génomique évolutive, modélisation et santé (GEMS, Institut Pasteur/CNRS)
Source
Lire l'article publié le 03/11/2020 sur le site de l'institut Pasteur